Interdépendance et choix économique
Notre modèle de société est fondée sur une économie de marché qui prône la croissance sans limites. Une croissance recherchée très souvant au détriment du dévéloppement durable. Les conséquences négatives du modèle de croissance sur l’environnement, les ecosystèmes, les espèces animales et l’influence néfaste sur le changement climatiques ont été demontrèes incontestablement par la science. La réalité d’un monde qui continue à vivre, malgré les évidences, comme si l’on pouvait en disposer de plusieurs et que les ressources naturelles étaient inépuisables, ne laisse aucun doute quant à la nécessité d’un changement de cap.
D’un autre côté, on a pu constater à maintes reprises les conséquences de certains événements comme une famine en Afrique ou une sécheresse en Inde sur le système boursier, et celles des catastrophes provoquées par le changement climatique (inondations, ouragans, tsunamis) sur les crises economiques ou financiéres dans le monde. Qu’est ce que cela veut-il dire?
Plus que jamais la globalisation de la Planète, l’immédiateté des conséquences des conflits dans un endroit du monde sur toutes les régions, montrent l’interdépendance entre les facteurs et les acteurs de cette mondialisation. La déterioration des ecosystèmes ou de la biosphère a des repercutions sur l’économie des pays, et celle ci sur la survie des espèces. Le mode de consommation occidentale qui s’étend de plus en plus à d’autres régions du monde comme l’Asie, comporte le renforcement d’une industrie agro-alimentaire qui détermine la disparition de milliards d’animaux chaque année avec une consommation effrénée de viande qu’à son tour contribue à empirer la santé des habitants de la Terre.
De quelle manière le nouveau paradigme de l’interdépendance montre que le système économique actuel n’est pas soutenable? Le respect de la Nature et des animaux est-il possible sans que l’économie mondiale s’éffondre? Y a-t-il une alternative à ce modèle d’économie du marché qui soit acceptable par le pouvoir économique en place?
Table ronde: Isabelle Cassiers, Dirk Holemans, Olivier De Schutter (modérateur)
Interdépendance et choix politique
Dans un monde globalisé, l’idée d’interdépendance apparaît de plus en plus familière dans les rélations internationales. Du moins en ce qui concerne les grands enjeux de notre temps, les responsables politiques des pays qui forment la communauté internationale ont compris que les crises et les conflits ont de plus en plus une portée planétaire. La conséquence en est que les chocs qui se produisent dans notre monde ont une répercussion immédiate sur nous tous. Les situations comme les inégalités, l’instabilité macro-économique ou les crises provoquées par la chûte des prix des carburants ou la montée du prix des aliments peuvent être la source de conflits auxquels nul ne peut échapper.
Il faut bien accepter que cette interdépendance qui caractérise nos sociétés et que tout en chacun peut comprendre est la même qui existe au niveau du vivant, de tout ce qui existe sur notre Planète, que ce soit les écosystèmes, la biosphère, la fôrét tropicale, les espèces animales ou l’homme.
Ceux qui ont la responsabilité de prendre des décisions devraient être de plus en plus conscients que leurs choix politiques auront des conséquences trascendentales non seulement pour ceux qui habitent la Terre, mais aussi pour les génerations à venir, les espèces animales et la Planète elle même.
Comment nos décideurs politiques comprennent-ils ce nouveau paradigme qui est déjà une réalité à laquelle il faudrait s’adapter si l’on veut survivre?
Table ronde: Carlo Di Antonio (Gouvernement wallon), Joëlle Maison (Parlement bruxellois), Stefan Eck (Parlement européen), Olivier De Schutter (modérateur)
Interdépendance et choix juridique
Dans les sociétés modernes, seuls les êtres humains ont le droit de défendre leurs propres droits. D’autres êtres vivants comme la Terre, notre Mère Nature, l’Océan et les Animaux n’ont pas le droit de se défendre lorsque leurs droits voire même leur existence sont menacés.
Toutefois, les choses sont en train de changer, et l’on recense de plus en plus d’exemples de personnes non humaines auxquelles des textes légaux reconnaissent des droits voire même une personnalité juridique.
Ainsi, la Constitution de l’Equateur (la 20ème de ce pays), rédigée en 2008, comporte un élément particulier, la distinguant de toute autre constitution du monde : elle est la première constitution à accorder des droits essentiels à la Nature. L’article 71 de cette Constitution de 2008 stipule en effet que “la Nature (ou Pachamama, là où la vie se reproduit et existe) a le droit d’exister, de persister, de maintenir et régénérer ses cycles vitaux, sa structure, ses fonctions et ses processus évolutifs.” Dans ce cadre, la Nature devient un sujet de droits et “toute personne aura la possibilité d’exiger des organismes publics qu’ils reconnaissent les droits de la nature.” En adoptant les Droits de la Nature et en les intégrant à sa Constitution nationale, l’Equateur a posé un geste révolutionaire, même si la mise en œuvre de ce nouveau cadre juridique, y compris des Droits de la Nature, est loin d’être parfaite, et même s’il reste beaucoup à faire pour obtenir la pleine reconnaissance de la valeur intrinsèque de la Nature.
De même, d’autres pays comme l’Inde ont accordé un statut juridique à une categorie spécifique d’animaux comme les dauphins. D’autres pays comme la France ont récemment changé le statut des animaux dans le code civil, pour les reconnaître comme des êtres vivants et sensibles. Enfin, des associations privées ont recouru aux tribunaux pour faire reconnaître le droit d’un animal particulier à être relâché (orang-outan Sandra au Brésil).
Quels sont les principaux obstacles juridiques? Quelles sont les stratégies les plus efficaces? Pouvons-nous affirmer qu’il ne s’agit pas de cas isolés et que le monde change?
Table ronde: Jean-Pierre Marguénaud, Andrea Gavinelli (Commission européene), Olivier De Schutter (modérateur)